Face à l’inflation, la Confédération nous dit: ‘Vous n’avez qu’à payer!’
Interview parue dans Blick le 10 septembre 2023
Depuis 2021, le prix des courses familiales a bondi de 1300 francs, selon les calculs d’un journaliste de Blick. Nos loyers pourraient quant à eux augmenter de 15% d’ici à 2026, avertit le chef de l’Office fédéral du logement. Les primes maladie? Attendez-vous à payer entre 8 et 9% de plus dès janvier.
L’inflation étrangle de plus en plus de ménages. Pour faire face à la baisse du pouvoir d’achat, la puissante Union syndicale suisse (USS) exige des employeurs une augmentation de 5% des salaires réels en 2024. Le Conseil fédéral et ses mesures d’austérité annoncées pour l’an prochain en prennent aussi pour son grade, alors que les prévisions budgétaires sont moins mauvaises que pressenti.
S’appuyant sur un papier d’analyse de l’USS, que Blick a pu consulter en exclusivité, son porte-parole Benoît Gaillard attend de la ministre des finances libérale-radicale Karin Keller-Sutter qu’elle délie les cordons de la bourse au lieu de jouer les Picsou. Le candidat vaudois au Conseil national est remonté: «Les gens bossent dur, même de manière de plus en plus intense avec les nouvelles technologies, mais leur situation se dégrade» alors que «les caisses sont pleines», tonne-t-il.
A l’aube de la manifestation pour le pouvoir d’achat du 16 septembre à Berne, le conseiller communal socialiste lausannois déplore aussi que le Gouvernement s’attaque «à nouveau aux femmes» en voulant couper dans les rentes de veuve. Interview contradictoire parfois énervée.
Blick: Les finances de la Confédération sont saines et la pandémie a démontré que le Conseil fédéral est capable de sortir 70 milliards en un clin d’œil. C’est plutôt rare, un pays aussi bien géré. Et vous trouvez encore le moyen de vous plaindre?
Benoît Gaillard: C’est un fait: la Confédération a des marges de manœuvre, un endettement quasi nul en comparaison international ou d’immenses réserves. Le problème, c’est que, malgré l’existence de ces marges de manœuvre, elle veut conduire des programmes d’économies drastiques, qui vont avoir des conséquences très concrètes pour la population, alors que la situation ne l’exige pas du tout. Le bilan à mi-année qui vient d’être publié par la Confédération montre qu’il n’y a pas besoin de faire ces économies, qui ne sont pas dictées par l’état financier de la Confédération, mais par une idéologie politique.